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Tracteurs made in France, tout ce qu’il faut savoir

Des tracteurs bleus, blancs, rouges, pardon, bleus, verts, rouges, font la une des médias. Question : peut-on défendre l’élevage français et plus largement l’agriculture hexagonale au volant de tracteurs de marque étrangère ? La réalité, c’est que les agriculteurs n’ont pas à bleuir, à blanchir ou à rougir de leur comportement d’acheteur. La France se classe au 3e rang de l’industrie européenne des agroéquipements, en grande partie grâce au marché français. Et du reste, la filière française serait peut-être encore plus forte… si les agriculteurs français s’étaient montrés moins fidèles aux marques nationales !

Tracteur, tract, tractation, attraction… Le matériel emblématique de l’activité agricole abandonne depuis quelque temps les cours de fermes et les champs pour user ses gommes sur le bitume et s’offrir ainsi la une des médias. Case (groupe New-Holland, Italie), Claas (Allemagne), Deutz-Fahr (Italie), Fendt (groupe Agco, Etats-Unis), JCB (Grande-Bretagne), John Deere (Etats-Unis), Kubota (Japon), Landini (groupe Argo, Italie), Massey Ferguson (groupe Agco, Etats-Unis), McCormick (groupe Argo, Italie), New Holland (Italie), Same (Italie), Valtra (groupe Agco, Etats-Unis)… Autant de couleurs, de logos et de marques qui s’offrent ainsi une publicité inédite, dont on peut du reste se demander si elle sied aux responsables des marques en question. Une chose est sûre : aucun constructeur français ne se posera la question puisque la France n’est détentrice d’aucune marque de tracteur.

Quelques Renault de couleur orange traversent néanmoins les objectifs, histoire de rappeler que la France a eu un passé de tractoriste. Ce n’est pas si vieux puisque le processus de rachat de Renault Agriculture par Claas a été totalement finalisé en 2008, après une prise de participation majoritaire opérée en 2003. On n’est pas passé de l’orange au rouge mais de l’orange au vert anis. En 2015, les tracteurs de couleur orange sont l’apanage de Kubota, qui inaugure le 16 septembre prochain sa toute nouvelle usine de production de tracteurs. Où cela ? En France, à Bierne (Nord).

On n’a pas de tractoriste, mais on a des usines

En France, on n’a pas de constructeur de tracteurs, mais on a des usines de tracteurs. Selon Axema, le syndicat des industriels de l’agroéquipement, qui fédère 90 % des entreprises du secteur, la France produisait 17,6 % des tracteurs fabriqués au sein de l’Union européenne en 2013. Les tracteurs made in France sortent de deux usines historiques que sont celle de Claas (ex-Renault) au Mans (Sarthe), et de Massey Ferguson (groupe Agco) à Beauvais (Oise).

Créée en 1960, couvrant plus de 30 hectares et employant plus de 2600 salariés, l’usine Massey Ferguson de Beauvais est le premier site producteur et exportateur de tracteurs en France. Le constructeur y fabrique les séries des MF 5600, MF 6600, MF 7600 et MF 8700 ainsi que la toute nouvelle série MF 4700 (60 à 130 ch) dans sa version à cabine et dont les premiers exemplaires sortiront des chaînes fin 2015, portant la production totale à environ 19 000 tracteurs par an. Depuis 2009, Agco a investi 300 M € à Beauvais. A propos de la nouvelle série MF 4700, le site de Beauvais était en compétition avec plusieurs pays et a remporté la mise grâce à des gains de productivité de 30 % réalisés depuis 2010. Comme quoi.

Dans son usine du Mans où Claas emploie environ 700 personnes, le constructeur produit quasiment l’intégralité de ses gammes de tracteurs, en dehors des Xerion à quatre roues égales fabriquées en Allemagne et des tracteurs spécialisés Nexos et Elios confiés à Carraro Agritalia. Au cours des 10 années passées, Claas a construit au Mans plus de 100 000 tracteurs et a consenti 400 millions d’euros d’investissements (chaîne de montage des cabines, cabine de peinture, centre d’essais et de validation…).

Avec Kubota, une troisième usine de tracteurs made in France

Le constructeur japonais a choisi la France pour ériger avec Kubota Farm Machinery sa première usine européenne et la première mondiale à fabriquer des tracteurs standards d’une puissance inédite pour le constructeur. Sur un site de 11,5 hectares dont 3,7 couverts, et moyennant un investissement de 57 millions d’euros, Kubota démarre actuellement la production de sa nouvelle série M7. Celle-ci compte trois modèles de 130 ch (M7131), 150 ch (M7151) et 170 ch (M7171) à moteur Kubota 4 cylindres 6,1 l (SCR et FAP) et proposés en trois finitions (Access, Ambition et Activ) et deux transmissions (powershift et continue K-VT).

D’ici à 2017, l’usine emploiera 140 personnes et sera dotée d’une capacité de production annuelle de 3000 tracteurs, à destination de la France, de l’Europe mais également de l’Amérique du Nord, de l’Australie ou encore du Japon. Cette nouvelle gamme ne devrait pas manquer de renforcer la position du constructeur, présent depuis 40 ans dans l’Hexagone. En 2014, Kubota a enregistré une hausse significative de sa part de marché, qui s’établit à 6,5 % toutes puissances confondues et à 10,4 % dans le segment des 60 ch à 140 ch. Outre la nouvelle série M7, les distributeurs de la marque, au nombre de 90 en France, pourront également s’appuyer sur plusieurs gammes d’outils aux couleurs de Kubota (travail du sol, semis, fenaison, pulvérisation, engrais…), en provenance de Kverneland-Vicon, racheté en 2012.

Le pays de la machine à vendanger

Massey Ferguson, Claas, Kubota, des usines, des emplois et des investissements en France : tout cela ne fait pas de marque tricolore pour autant. Et dans l’univers des automoteurs et des machines automotrices, la France fait l’impasse sur de nombreuses catégories de matériels dédiés à la traction ou à la récolte.

En 1982, l’entreprise Braud basée à Ancenis (Loire-Atlantique) est rachetée par Fiatagri, qui deviendra New Holland en 1988. Au cours de cette seule opération, la France perd la fabrication de moissonneuses-batteuses, qu’interrompt Fiatagri, tandis que le savoir-faire en matière de machines à vendanger franchit les Alpes, même si l’usine demeure à Coëx (Vendée)…

Le cas de la machine à vendanger est du reste emblématique de l’incapacité de la France à faire prospérer sa science et son génie industriels. Braud-New Holland, Grégoire, Pellenc : les trois marques se partagent le marché mondial de la machine à vendanger, estimé à environ 1000 automotrices annuelles. On n’oublie pas Alma, un constructeur plus confidentiel mais néanmoins présent sur le marché de l’automotrice et de la machine tractée, basé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme). En 1982, Braud vendange pour Fiatagri. En 2000, Grégoire, basé à Cognac (Charente), vendange pour Kverneland (Norvège), avant de passer sous le contrôle de Same-Deutz-Fahr (Italie) en 2011. Quant à Pellenc, basé à Pertuis, son président-fondateur Roger Pellenc a finalisé en 2014 la cession de son entreprise à la société d’investissement Edify, filiale du groupe Somfy (motorisation de volets et portails), un petit joyau certes français mais étranger à l’agroéquipement (il détient aussi La Buvette). Un exemple révélateur l’incapacité de la France à fabriquer un leader mondial dans le secteur de l’agroéquipement, ce dont bénéficient d’autres secteurs (aéronautique, Btp, eau et environnement, luxe, nucléaire…).

La France, n°3 de l’agroéquipement en Europe

Selon Axema, en 2013, la France produisait 32,4 % de la production européenne (celle de l’Union européenne) de matériels de travail du sol, 29,1 % des matériels de transport et de manutention, 24,9 % des matériels d’arrosage et de protection, 24 % des matériels de fenaison, 18,7 % des matériels de laiterie, on l’a vu 17,6 % des tracteurs agricoles, 16,8 % des matériels d’élevage, 11,3 % des matériels de semis et de plantation, etc.

Avec un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros en 2013, la France se place au 3e rang européen de l’industrie de l’agroéquipement dans l’Union européenne (UE), derrière l’Allemagne (12,1 Md € soit 30,8 % de l’UE) et l’Italie (7,6 Md € soit 18,9 % de l’UE), et devant le Royaume-Uni (2,4 Md €), les Pays-Bas (2,1 Md €), l’Autriche (1,9 Md €), la Pologne (1,5 Md €), etc. Avec sa 3e place, la France génère en valeur 12 % de la production européenne d’agroéquipements.

Avec une production évaluée à  à 34,3 Md € en 2013, soit 37,8 % de la production mondiale, l’UE devance l’Asie (31,2 %) et les deux Amérique (28,3 %).

Comme on l’a souligné, la production d’agroéquipements en France est pour partie assurée par des constructeurs étrangers. Aux côtés usines de tracteurs et des machines à vendanger citées plus haut, sont implantées sur notre territoire des usines dédiées à la fabrication de moteurs (John Deere, à Saran dans le Loiret), de presses (Claas, à Woippy en Moselle), de presses et de chargeurs frontaux (John Deere, à Arc-Lès-Gray en Haute-Saône), de matériels pour espaces verts (Amazone, à Forbach en Moselle), de transmissions (Yto, à Saint-Dizier en Haute-Marne), etc. Cependant, les constructeurs français représentent bien évidemment la très grande majorité des implantations industrielles. Il n’échappera à personne qu’aucun constructeur national, au sens capitalistique, n’a encore été cité à ce stade. Mais avec plus de 500 entreprises répertoriées, incluant les sous-traitants, la panoplie est large. On nous pardonnera (ou pas) de ne pas en faire l’étalage. Citons le groupe Exel Industries, leader mondial de la pulvérisation avec ses marques Agrifac, Berthoud, Caruelle-Nicolas, Hardi-Evrard, Matrot, Tecnoma… On aurait aimé citer le presque bicentenaire Kuhn, très actif aux plans industriel et commercial, tant en France que sur le grand export, sauf que le groupe de Saverne (Bas-Rhin) est la propriété du suisse Bucher Industries depuis 1946…

Typologie des entreprises françaises de l’agroéquipement

En France, le secteur de l’agroéquipement s’organise autour :

– d’une majorité de petites entreprises (en moyenne 57 salariés pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros) produisant des équipements spécialisés (élevage, viticulture, fertilisation, pulvérisation…), généralement centrées sur le marché régional ou national ;

– d’une vingtaine d’entreprises de taille intermédiaire (de CA moyen 214 M €, hors tractoristes) dynamiques, à la fois agiles et visibles sur les marchés internationaux, et pour certaines, leaders dans leur domaine, en viticulture par exemple ;

– de tractoristes (de CA moyen de 694 M €) proposant une large gamme d’équipements associés, aux capacités financières importantes et vendant leur production dans le monde entier. Trois entreprises assemblent leurs tracteurs sur le territoire, les autres industriels tractoristes produisent en France une partie de leur gamme d’équipements ou des éléments d’automoteurs (moteurs, cabines, transmissions, etc.) ;

– d’entreprises récentes – souvent des start-up – et innovantes dans le secteur des TIC pour l’agriculture, fournissant les capteurs et les outils d’aide à la décision (OAD) et d’observation pour l’agriculture de précision ;

– de quelques éditeurs de logiciels agricoles (deux principaux se partageant la majorité du marché), dont le nombre a été fortement réduit par la consolidation du secteur ;

– d’un réseau de plus de 2 000 entreprises de distribution maillant le territoire et assurant un service après-vente de qualité. De très petites entreprises non spécialisées, proches de l’artisanat, fournissent aussi des composants ou réparent et adaptent les machines existantes

Ces données sont issues du rapport de la mission agroéquipements, commandité par le ministère de l’Agriculture en mars 2014 à l’Irstea, l’Institut de recherche en sciences et technologies de l’environnement et de l’agriculture. Car tout ne va pas pour le mieux pour la filière française de l’agroéquipement.

Une balance commerciale déficitaire

La France est certes le 3e pays producteur de machines agricoles au sein de l’UE. Mais l’analyse des comptes de la branche fait ressortir un déficit commercial chronique et structurel. Pendant que les industriels exportent pour 3 Md € (2013) de machines, le marché intérieur engendre dans le même temps des importations à hauteur de 4,6 Md €, soit un déficit de 1,6 Md €, ce qui fait de la France le 2e importateur mondial de machines agricoles. En 2013, l’Allemagne et l’Italie réalisaient quant à eux un excédent commercial respectif de 6 Md € et 3,6 Md €.

Première puissance agricole de l’UE, la ferme France a gros besoins de mécanisation, confortée par la prétendue inclination des agriculteurs français à s’équiper plus que raisonnablement. Une critique récurrente que ravive immanquablement chaque crise. Mais c’est là un autre sujet qui mériterait un autre développement. Toujours est-il qu’avec un peu plus de 6,6 Md €, la France est n°1 du marché des agroéquipements en Europe, devant l’Allemagne et l’Italie. Dans le rapport de l’Irstea cité plus haut, on peut lire : « L’importance du marché intérieur a son revers : elle n’incite pas suffisamment les entreprises à se développer à l’export, les mettant ainsi à la merci des aléas de ce marché intérieur et de l’arrivée sur le marché de produits à bas coût des pays émergents (Chine, Inde, Turquie, etc.) ».

Autrement dit, si les agriculteurs français avaient acheté un peu moins français, les industriels français auraient peut-être été plus actifs sur les marchés export, tout du moins ceux qui auraient survécu à un tel scénario. D’aucuns jugeront cette interprétation un brin pernicieuse et on leur donnera pas complètement tort.

Forces, faiblesses et opportunités

Le rapport de l’Irstea pointe les forces, les faiblesses et les opportunités de la filière agroéquipement nationale. Au rang des forces figure, on l’a vu, le dynamisme du marché national. La grande diversité des cultures et des systèmes d’exploitation (polyculture élevage, grandes cultures céréalières, cultures spécialisées, etc.) engendre des besoins d’une grande diversité d’équipements.

Constituant un tissu dense, couvrant bien le territoire agricole français, allant de la TPE au groupe multinational en passant par les entreprises des TIC, l’industrie française a démontré sa capacité à apporter des réponses à des besoins en matériel spécialisé, y compris à l’export, bénéficiant du bon fonctionnement des aides à l’export (via le triptyque Coface, BPI, UbiFrance notamment).

Le réseau de distribution assure également le lien entre constructeurs et utilisateurs et participe activement à la diffusion des innovations en agriculture, aux côtés des organismes de prescription et de conseil. Enfin, l’offre en formations supérieures (bac + 2 à bac + 8) fournit un enseignement dont la qualité est appréciée. Le secteur participe activement à l’élaboration des formations.

Déficit d’image, affaiblissement de l’environnement industriel et du secteur « recherche et développement »

Selon Irstea, la filière souffre d’un déficit d’image, accentué, pour la distribution et les services, par les « contraintes métier » (saisonnalité, emploi rural, horaires…), du manque de visibilité de ces métiers au sein du réseau d’enseignement général et de l’orientation des étudiants et de la concurrence à l’embauche d’autres activités industrielles (par ex. : aéronautique, automobile) ou tertiaires. En conséquence, la filière accuse des difficultés récurrentes de recrutement. La composition du secteur, constitué majoritairement d’entreprises de petite (voire de très petite) taille, ne facilite pas l’accès à la R&D (recherche et développement) pour des projets d’innovation, ni la participation à des efforts de normalisation ou d’export. La « désindustrialisation » que connaît le pays crée des lacunes dans la chaîne industrielle et rend plus difficile la collaboration locale avec des sous-traitants et fournisseurs. Or cette proximité est nécessaire pour améliorer la chaîne de valeur et les transferts de technologies d’une filière à une autre.

Les petites entreprises françaises travaillent encore peu ensemble, à l’inverse de leurs concurrents italiens dont la dynamique d’organisation en cluster fait la force, et n’ont pas encore l’aptitude à chasser en meute sur les marchés à l’export. La capacité à développer à l’international des offres de filières « clé en main », intégrant les différents produits et services adaptés à leur développement (semences, biotechnologies, intrants, agroéquipements, industries agroalimentaires, etc.), incluant donc une offre optimisée en agroéquipements complémentaires, est cependant l’assurance d’un développement à l’export efficace. Est souligné l’effet pervers de l’importance du marché intérieur, déjà évoqué. Par ailleurs, l’Irstea note que de considérables budgets de R&D ont été consacrés à répondre aux exigences des normes d’émissions pour les tracteurs et automoteurs, au détriment d’autres progrès qui auraient pu permettre une plus grande différenciation des machines et davantage d’innovations de rupture.

Si elle est difficile à quantifier, la sur-mécanisation de certaines exploitations agricoles (notamment imputable à des mécanismes fiscaux aujourd’hui en voie de suppression) peut également peser sur les charges des exploitations, réduisant ainsi les capacités d’investissement avec des répercussions tout au long de la filière, que ce soit pour le marché du neuf ou du matériel d’occasion. L’innovation via la collaboration avec des centres publics de recherche est aujourd’hui limitée du fait d’une méconnaissance des ressources scientifiques et techniques disponibles et des nombreux dispositifs d’aide à l’innovation dont la lisibilité n’est pas optimale (par exemple, plusieurs pôles de compétitivité pourraient répondre aux questions de ce secteur mais aucun n’est directement fléché « agroéquipement »). La plupart des acteurs de la filière ne les identifient ou utilisent pas, de même qu’ils n’identifient pas nécessairement le réseau d’acteurs de la recherche et du transfert pouvant leur apporter une aide à l’innovation. Or une des raisons de la force du secteur des agroéquipements en Allemagne est justement la collaboration efficace entre recherche, universités et entreprises. Enfin, le désengagement des établissements publics à caractère scientifique et technologique et des instituts techniques agricoles sur le sujet, ainsi que la diminution des ressources humaines en conseil en machinisme, notamment dans les chambres d’agriculture, se traduisent par des lacunes scientifiques et techniques sur certains domaines de l’agroéquipement et mettent en péril le continuum recherche-développement-transfert industriel nécessaire au développement de l’innovation.

Les opportunités à saisir pour la filière agroéquipement

Selon l’Irstea, elles sont liées à la bonne tenue économique de l’agriculture (toute relative en ce temps de crise), aux dispositifs d’aide à l’innovation, et au potentiel du big data. Dans un contexte de diminution de la main-d’œuvre en agriculture, de transition énergétique et développement de l’agro-écologie, les agroéquipements devront répondre à plusieurs enjeux d’ordre économique (réduction des coûts de production, production performante en quantité et en qualité), environnemental (réduction des émissions vers l’eau et l’air, optimisation des consommations énergétiques, maintien du potentiel des sols), et social (amélioration du confort, réduction des risques, solidarité et développement des échanges).

Pour y répondre, les perspectives d’évolution et questions de recherche à plus ou moins long terme concernent principalement :

– la robotisation des agroéquipements : autonomie des équipements à différents degrés, adaptabilité et modularité des agroéquipements, etc. ;

– le développement de l’agriculture de précision et de l’agriculture numérique : technologies de l’information et de la communication (TIC), outils d’aide à la décision (OAD), irrigation de précision, capteurs, etc. ;

– la co-conception d’agroéquipements et de systèmes à vocation environnementale : équipements pour mieux exploiter la diversité fonctionnelle des agrosystèmes, boucler les cycles biogéochimiques, ou mettre en oeuvre le biocontrôle ;

– l’innovation organisationnelle liée aux agroéquipements : gestion optimisée de la chaîne logistique, économie de fonctionnalité, échanges sur les équipements auto-construits, sécuriconception, équipements polyvalents ou reconfigurables, etc.

L’ensemble de ces perspectives suppose donc la co-construction des recherches et l’élaboration récursive de cahiers des charges par une collaboration plus poussée des acteurs de la recherche et du développement scientifique, en particulier technologues et agronomes. L’agriculture (en particulier avec le développement de l’effort environnemental que l’on a nommé agro-écologie chez nous), dans sa dimension de haute précision, à la fois productrice et consommatrice de données, va susciter le développement d’activités liées à l’acquisition, la gestion et la valorisation de ces données. Ce nouveau marché qui intéresse les plus grands opérateurs internationaux de l’agrofourniture (semences, agroéquipements) ou de la téléphonie mobile a fait l’objet de plusieurs projets de grande ampleur, dans d’autres pays européens, sans partenaires français. Il y a un enjeu fort à inscrire la France dans cette dynamique de l’agriculture numérique (« data-driven farming »), avec une attention particulière portée à la gouvernance des données.

 

En savoir plus : http://www.irstea.fr/sites/default/files/ckfinder/userfiles/files/Syntheses%20Rapport%20agro%C3%83%C2%A9quipements%20Irstea_VERSION_JANVIER_2015.pdf (synthèse du rapport de l’Irstea sur les agroéquipements, vous y trouverez notamment les 9 recommandations pour la filière agroéquipement) ; http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/documents/pdf/Rapport_agroequipements_Irstea_VERSION_DEC2014-1_cle87bbe1.pdf (le même rapport, cette fois en entier).

 

Ci-dessous, Massey Ferguson, groupe Agco, Etats-Unis : premier employeur de France dans le secteur de l’agroéquipement. (photo fournie par Massey Ferguson)

Ci-dessous, Claas a finalisé le rachat de Renault Agriculture en 2008. L’usine du Mans (Sarthe) produit à elle seule quasiment toute sa gamme de tracteurs.

Ci-dessous, la France reste le premier centre de production au monde de machines à vendanger automotrices, mais seul Pellenc conserve des capitaux français.

1 Commentaire(s)

  1. Bonjour,

    Très bon article qui est dans la lignée des attentes de nos agriculteurs, « produits Français », mais j’ai un retour et un complément, nous avons bien en France un constructeur d’automoteurs agro-équipements MANITOU, qui est né et est toujours construit à Ancenis (44), qui plus est, leader dans la manutention. Par contre, Braud était construit à Saint-Mars la Jaille au nord d’Ancenis.
    Cordialement.

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