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Quelles alternatives au maïs ensilage sont envisageables ?

En zone d’élevage, il est encore possible de semer du maïs ensilage. Mais mieux vaut parfois diversifier les sources de fourrage. Explications.

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Il peut être judicieux de ne pas ensemencer l’ensemble de la sole prévue au départ, et ce, pour différentes raisons :
• conditions de récoltes difficiles (ressuyage et portance des sols),
• risque de gel de fin de cycle,
• manque de fourrage entre la fin de l’été et le début de l’automne.

Faire la jointure entre la fin des silos de 2015 et l’ouverture de nouveaux à l’automne est certainement la raison la plus pertinente pour réserver certaines surfaces à d’autres sources de fourrages.

Tableau 1 : exemple de dérobées à implanter pendant ou après l’été


Les mélanges graminées-légumineuses présentent en général de meilleurs rendements que des espèces implantées seules (figure 1). Certains couverts végétaux comme le trèfle incarnat, la vesce commune d’hiver, le colza ou encore le ray-grass d’Italie présentent des valeurs nutritives élevées. Les légumineuses apportent des PDI (protéines digestibles dans l’intestin) alors que les crucifères exploitées avant floraison offrent un bon équilibre UFL/PDI mais à distribuer en quantité limitée dans la ration des bovins : pâturage au fil, affouragement en vert.

Figure 1 : Valeurs nutritives des différentes espèces

Toutefois ces espèces seront sensibles au climat estival (chaud et sec).

Le sorgho, une solution intéressante dans les situations séchantes

Un sorgho fourrage sera certainement plus apte à valoriser les températures élevées de l’été et à supporter un éventuel stress hydrique.

Un sorgho monocoupe a destination ensilage présente les mêmes besoins en températures qu’un maïs. Toutefois les sorghos multicoupes, type Sudan grass peuvent être intéressants. Leurs cycles sont plus courts (exploitation possible dès 60 jours, voire 45-50 jours en conditions favorables) et il est possible de le couper deux voire trois fois sous plusieurs formes (pâturage, ensilage, enrubannage).

Il présente une valeur alimentaire proche d’une fétuque élevée en termes d’énergie, d’azote et d’encombrement. Très appétant il convient de le valoriser avant leur épiaison pour conserver ces qualités (UFL > 0,8 à montaison qui chute ensuite à 0,7 UFL à l’épiaison).

L’itinéraire technique est assez simple. Il faut les semer à 25-30 kg ha au semoir à céréales en assurant un bon rappui, et apporter 30 à 40 u N pour chaque coupe. Dans la mesure où il couvre vite le sol et que des faux semis ont déjà pu être réalisés, il est possible de se passer de désherbage. Mais en cas de levée d’adventices, les herbicides homologués sur sorgho sont utilisables. Eviter toutefois ce qui peut être limite en sélectivité (hormones, mésotrione) tout en intervenant en conditions poussantes.

On peut envisager deux types de récoltes et de conservation : l’ensilage et l’enrubannage. Il est nécessaire de prendre certaines précautions avant de se lancer.

Sorgho multi-coupe récolté en ensilage

Faucher haut (10 cm pour faciliter la repousse et améliorer la qualité alimentaire). Privilégier la fauche à la conditionneuse à doigts/fléaux pour éclater les tiges et accélérer le préfanage.

Il faut laisser en andain pour reprise par pick-up ensileuse. Le fourrage sur pied est à 15-20 % MS donc il faut au minimum l’amener à plus de 26 % pour éviter des jus (24 à 36 h de temps sec et chaud feront l’affaire en été)

Sorgho multi-coupe récolté en enrubannage :

Faucher haut (10 cm). Fauche conditionneuse à fléaux et dépose en andains. Faire un andainage le plus volumineux possible pour éviter de souiller le fourrage avec de la terre. Attention, proscrire la fauche à plat car les tiges se plaquent au sol dans le sens de la fauche et deviennent inrécoltables. Il faut se rapprocher le plus possible de 50 % MS (main à peine humide quand on tord le fourrage). Ne pas enrubanner au champ (perforation par les chaumes). Préférer un enrubannage en continu ou monoballe sur le site de stockage (très certainement utile de passer 8 couches de plastiques). Pour le sorgho multicoupe le liage des balles par du filet est obligatoire (3 tours mini).

Pour conclure, il faut bien avoir en tête, que quel que soit le fourrage de substitution, il ne pourra pas égaler le potentiel d’un maïs fourrage en qualité et quantité. Mais les conditions de l’année ne laissent pas beaucoup de choix.

 

Thibaut Ray (Arvalis – Institut du végétal)

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