vente directe

Les ventes directes de producteurs aux Parisiens vont se multiplier !

C’est une petite révolution alimentaire qui se prépare. Une nouvelle entreprise de services résout un à un tous les problèmes de mise en relation entre producteurs franciliens (pour l’instant) et magasins de vente parisiens : la vente directe gagne le coeur de la capitale !

On connaissait Sébastien Pelka en tant que spécialiste des circuits courts. L’homme met ainsi régulièrement son expérience en la matière au service de celles ou ceux qui veulent créer des magasins de producteurs, évidemment pour le moment principalement en province. Ces connaissances, enrichies régulièrement par de nouvelles observations du terrain issues de chaque cas particulier qu’il a pu traiter, le conduisent aujourd’hui à monter une nouvelle structure de services, qu’il a appelée Direct Market.

Pas un intermédiaire de substitution, mais une société de services

C’est particulièrement intéressant, car la réflexion pour le moins poussée à l’origine du projet constitue une réponse concrète à la grande majorité des questions qui se posent pour exaucer le voeu, à la fois des consommateurs et des producteurs, de réaliser des ventes directes en plein Paris, dans un nombre élevé de lieux de vente. Quels sont ainsi les problèmes identifiés sur lesquels il a fallu plancher ? Pour le producteur : trouver des magasins distributeurs, trouver le moyen d’acheminer ses marchandises, s’assurer d’être payé selon un prix fixé par lui-même et dans des délais connus, obtenir un carnet de commandes à terme pour lui permettre d’organiser sa production en fonction de la demande. Pour le magasin : satisfaire une clientèle de plus en plus demandeuse de produits en vente directe mais pas obligatoirement prête à augmenter son budget « nourriture » pour autant.

Direct Market n’est pas un nouvel intermédiaire qui remplacerait les autres, « car nous n’achetons pas pour revendre derrière », précise Sébastien Pelka. C’est une société de services, d’accompagnement. Le magasin paye le producteur directement, sans intermédiaire, au prix fixé par le producteur (évidemment, si ce dernier veut vendre 6 oeufs à 10 €, il ne trouvera aucun magasin preneur). Le service consiste en la mise en relation, la vérification des livraisons (empaquetage et transport), la vérification des paiements, et le magasin rémunère donc au final le producteur, le transport, plus le service à 10 % du prix producteur (le magasin reçoit 100 € de marchandises, il paye 100 le producteur, 10 € le service, plus le prix du transport). A l’arrivée, ça lui revient évidemment moins cher ainsi que par les circuits de distribution actuels, tellement les intermédiaires sont importants, même si le produit « départ ferme » est évalué à la hausse. Il peut donc répercuter un prix de vente intéressant pour sa clientèle, tout en préservant sa propre marge.

Producteurs, consommateurs, magasins… Tous gagnants !

Pour le producteur, avoir ainsi un accompagnateur qui s’occupe de toute la logistique, c’est évidemment l’idéal. Il doit payer un abonnement au service de 40 € par mois qu’il rentabilise rapidement, d’autant que le magasin qu’il a fourni contracte l’engagement de le régler au plus tard le 10 du mois qui suit la livraison, et selon le tarif prévu sans quelque renégociation que ce soit : aucun risque de mauvaise surprise sur ce point… Une véritable révolution !

Pour les consommateurs parisiens, ils trouveront désormais dans nombre d’enseignes (Direct Market est actuellement en pourparlers avec plusieurs chaines de distributeurs, de la grande distribution, mais aussi des franchises spécialisées soit dans le bio, soit dans les produits naturels, etc.) des rayons « vente directe » où le magasin sera autorisé à identifier le producteur fournisseur avec une fiche montrant sa ferme en photo et donnant quelques renseignements : rien de tel que de déguster un fromage, une charcuterie, une volaille ou des légumes comme si on avait pu aller les chercher à la ferme alors que les courses ont été faites dans le magasin habituel !

Pour les magasins, ils renouvellent leur image, peuvent montrer qu’ils aident les producteurs tout en conservant leurs marges et donc sans risque pour leurs propres fonctionnements, et vont dans le sens de la satisfaction du client en créant des espaces « vente directe » qui formeront aussi des produits d’appel pour l’ensemble de la surface de vente.

Comment ça marche ?

Pour parvenir à un tel résultat, se passer de tous les intermédiaires habituels entre producteurs et consommateurs, Direct Market s’est structuré. Les tractations vont dans plusieurs directions. Il faut des fournisseurs, choisis dans un premier temps proches de Paris, donc en Ile-de-France (« il n’est pas interdit à terme d’élargir le rayon », précise Sébastien Pelka). Et il faut des points de vente. Entre les deux, des sociétés de transport. Au-delà des négociations déjà en cours, les inscriptions spontanées sont les bienvenues sur le site internet.

Une fois inscrit, le producteur peut choisir de ne fournir qu’un type de magasin (premier exemple qui vient à l’esprit, le bio ; mais pas seulement). Il sait où vont ses victuailles. Cette fameuse déconnexion actuelle entre sa vocation productrice et ce que devient ensuite le fruit de son travail n’existera donc plus : l’agriculteur retrouvera ainsi ce sentiment d’utilité, d’acteur de la vie publique et sociétale, et c’est tout aussi important que le débouché commercial.

Direct Market s’est doté de cinq plateformes sur Paris (ou ceinture), pour recevoir les marchandises et les re-dispatcher ensuite : la circulation est telle dans la capitale que le transport direct de la ferme au magasin peut prendre des durées très différentes d’un jour à l’autre, il vaut donc mieux éviter cette option, qui constitue d’ailleurs un frein au développement actuel de la vente directe à Paris. De plus, une seule exploitation agricole peut fournir plusieurs enseignes, et c’est plus simple ainsi d’avoir des lieux où recevoir les produits des différentes sources pour aussitôt les redistribuer selon les destinations finales.

Aujourd’hui, seules les denrées alimentaires sont concernées, mais on peut imaginer des extensions : « Pourquoi pas délivrer des tisanes bio des producteurs vers les pharmacies ? », réfléchit Sébastien Pelka.

Un système d’avenir ?

Ni WikiAgri ni moi-même n’avons le moindre intérêt dans l’affaire. Mais il m’est apparu intéressant de détailler le processus de fonctionnement de cette entreprise de service, car si elle marche (et son marché existe…), elle répond parfaitement à une problématique majeure de l’agriculture française aujourd’hui : la somme des intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur est telle que le premier n’arrive plus à se rémunérer alors que le second paye toujours plus cher. Grâce à un service connaissant tous ces rouages et répondant à toutes les questions, ces intermédiaires sont squeezés, et la valeur ajoutée retrouve un juste équilibre dans son partage.

Que les intermédiaires en question se rassurent, avant qu’un tel système ne se généralise, il se passera encore du temps… Mais pour les producteurs agricoles, l’espoir de retrouver un prix, désormais, existe.
 

En savoir plus : https://direct-market.store-booster.com (le site internet de Direct Market) ; https://wikiagri.fr/articles/le-plaidoyer-de-sebastien-pelka-en-faveur-des-circuits-courts/5066 (précédent article de WikiAgri avec Sébastien Pelka sur les circuits courts).

L’illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/134559607.

Ci-dessous, le logo de Direct Market.

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