champ de pommes de terre

La France produira plus de pommes de terre en 2025… pour le marché belge

D’ici 2025, la planète pourrait produire jusqu’à 280 millions de tonnes (Mt) de pommes de terre, soit une hausse de près de 50 Mt par rapport à 2016. L’essentiel sera consommé en frais, mais la part des produits transformés augmentera fortement. (+ 33 Mt contre +17 Mt en frais).

Le contour géographique de la Belgique a la forme d’un cerveau humain… Et elle sait s’en servir pour devenir un des leaders industriels agroalimentaires. D’ici 2025, le royaume aura renforcé ses positions commerciales à l’export sur le marché des pommes de terre transformées (frites, chips etc.). Tandis que la France restera importatrice nette de produits transformés (déficit attendu de 300 000 tonnes en équivalent pommes de terre). Ses industries ne seront toujours pas en mesure de couvrir les besoins des consommateurs français. Pourtant notre pays ne manquera pas de pommes de terre. Si le rythme de croissance se poursuit, la surface implantée pourrait atteindre 149 000 hectares en 2025, soit une hausse de plus de 20 000 hectares.

Cette progression est en phase avec le scénario de croissance le plus favorable décrit  dans l’étude « Perspectives de l’évolution de la demande pommes de terre à l’horizon 2025 : risques et opportunités pour les producteurs Français ». Ses auteurs, Geoffroy d’Evry, vice-président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (Unpt) et Philippe Bureau, d’Idari Conseil, l’ont présentée au 14e congrès de l’Unpt, le 24 janvier dernier.

Toutefois, l’Unpt recommande à ses membres de ne pas s’emballer. Anticiper une trop forte croissance de la demande génère des excédents et compromet l’équilibre des marchés : 1 % de production en plus induit une baisse de prix de 7 %.

D’ici 2025, la planète pourrait consommer jusqu’à 280 millions de tonnes de pommes de terre. La production croîtra essentiellement dans les pays émergents. La majorité de la récolte sera encore consommée en frais mais la part des produits transformés augmentera fortement (+ 33 Mt de pommes de terre transformées contre +17 Mt en frais d’ici 2025).

Une croissance des surfaces accélérée en France

Lors du congrès de l’Unpt, l’étude prévisionnelle de Geoffroy d’Evry et de Philippe Bureau a surtout révélé le potentiel de croissance exceptionnel des échanges commerciaux de produits transformés à base de pommes de terre d’ici 2025. Ces produits sont exportables sur de très longues distances et parfois à moindres frais, puisque la marchandise est souvent chargée dans des cargos sur le retour. En frais, les pommes de terre ne peuvent être transportées que sur de courts trajets.

Ce sont les pays déjà en pointe sur le marché qui profiteront le plus de cet essor industriel et commercial. La Belgique mais aussi les Pays-Bas et l’Allemagne sont attendus pour accroître leurs capacités industrielles et pour exporter davantage de produits transformés à base de pommes de terre. Or de l’Union européenne, les Etats-Unis, le Canada, l’Egypte, déjà excédentaires, suivront le mouvement. D’ici 2025, leur taux de couverture s’accroîtra tandis que la majorité des autres pays de la planète sera encore plus dépendante des importations (Europe de l’est, Amérique du sud et latine, Asie du sud est, Afrique essentiellement).

Le cercle fermé des pays exportateurs

D’ici 2025, les échanges pourraient représenter l’équivalent de 9,2 Mt contre 6,9 Mt actuellement alors que les pommes de terre produites en plus, destinées à la consommation en frais, alimenteront quasiment les marchés intérieurs des pays producteurs. Les expéditions resteront quasiment à leur niveau de 2015.

Dès 2020, la Belgique aura besoin d’un million de tonnes de pommes de terre supplémentaires et de 20 000 hectares en plus pour les cultiver d’ici 2020. Or elle ne dispose pas d’une telle surface. Aussi, tout porte à croire qu’elle s’approvisionnera encore davantage en France, voire en Pologne, pour approvisionner ses entreprises.

Ce sont en effet les deux pays de l’Union européenne qui offrent des perspectives de croissance de production les plus importantes d’ici 2025.

La Belgique a besoin d’un million de tonnes

La France pourrait produire 1,1 Mt en plus sur 20 000 hectares supplémentaires et porter sa production à 7,4 Mt, selon Geoffroy d’Evry et Philippe Bureau. Elle disposerait alors de près de 550 000 tonnes en plus de pommes de terre exportables en frais, soit la moitié des besoins de l’industrie belge.

Dans ce contexte de forte croissance de production de pommes de terre transformées, la France réduira seulement son déficit commercial de 300 000 tonnes équivalent pommes de terre. Mais si la France n’accroît pas ses capacités de transformation, les pommes produites en plus sur son sol seront alors naturellement exportées en Belgique.
 

En savoir plus : http://www.producteursdepommesdeterre.org/static/accueil (site internet de l’Unpt).
 

Le champ de pommes de terre ci-dessous est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/114102695.

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