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Implantation des céréales, échelonner les dates de semis et alterner les précocités

Comme l’a encore montré la dernière campagne, il est important de répartir les risques d’aléas climatiques en ayant des cultures qui soient à des stades différents, notamment au printemps. Dans cette optique, il est recommandé de semer les céréales d’hiver en échelonnant si possible les dates de semis et en choisissant des variétés de précocités différentes.

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La comparaison des moyennes climatiques observées entre 1997/2016 et 1970/1990 met en évidence deux évolutions majeures dans la région :
â— Le nombre de jours échaudants pendant la phase de remplissage du grain (15/05 au 20/06) a augmenté d’environ 4 jours pour l’ensemble de notre région, sans effet local marqué.
â— Le dernier gel en fin d’hiver (à – 4°C sous abri) intervient plus tôt que précédemment (à l’exception évidente de 2017).

L’échaudage est une donnée constante de notre région. C’est l’aléa climatique principal, avec 3 à 24 jours présentant des maximales supérieures à 25°C pendant le remplissage des grains (1997 à 2016).

L’analyse montre aussi :
â— Un effet restreint de l’avancement des dates de semis sur la date de fin de cycle, avec une avance moyenne et régulière de 3 jours à floraison, quel que soit le poste météo régional retenu pour un décalage de la date de semis de 3 semaines.
â— Un effet un peu plus important de la précocité variétale de 4 à 5 jours à la floraison à date de semis équivalente pour une note d’épiaison passant de 6,5 (Rubisko) à 7,5 (Solehio).

Même si les possibilités d’adaptation du cycle cultural par la date de semis semblent limitées, il ne faut pas les négliger. Il est recommandé de réaliser les implantations en échelonnant les dates de semis et en choisissant des variétés de précocités différentes. Cela se fait régulièrement lorsque les précédents sont variés : tournesol, sorgho et maïs par exemple.

Il ne faut pas oublier, que le choix de la date de semis peut être un levier efficace pour la gestion du désherbage. Le principe : décaler l’implantation de la culture par rapport aux premières levées d’adventices problématiques. Cette technique présente un intérêt sur les mauvaises herbes qui germent préférentiellement durant les périodes d’implantation des cultures. C’est le cas du vulpin, du ray-grass ou encore du brome.

Comment prendre en compte ces paramètres dans le choix variétal et dans la date de semis ?

Les préconisations suivantes prennent en compte le mieux possible climat et la souplesse des variétés.

Figure 1 : période optimale de semis du blé tendre en région Ouest Occitanie

A quelle densité semer les céréales d’hiver ?

Pour que le rendement d’une céréale soit optimal, plusieurs conditions doivent être remplies :
â— conditions de semis favorables,
â— date de semis adaptée à la variété,
â— peuplement minimum à la levée.

Pour atteindre le peuplement minimum, il faut compenser les pertes prévisibles à la levée et en cours d’hiver. Ces pertes peuvent avoir plusieurs origines : une faculté germinative dégradée (au champ on retient par sécurité 10 % de grains non germant), des préparations trop motteuses ou trop fines, des excès d’eau ou des cailloux. Elles peuvent varier de 0 à 20 %. En cas d’utilisation de semences de ferme, il est important de réaliser un test de germination afin de connaitre les pertes uniquement lié à la qualité de la semence et réajuster la densité de semis en fonction des résultats.

Par ailleurs, il faut rappeler que les seuils de peuplement objectif sont valables sur la période optimale de semis, soit de façon très générale sur octobre.

Pour des semis plus tardifs (novembre notamment), il faut augmenter les densités de semis pour compenser des pertes à la levée plus importantes liées à une durée semis-levée plus longue se déroulant sous des conditions climatiques souvent peu favorables. Il faut également compenser un coefficient de tallage plus faible du fait d’une période de tallage plus courte.

Enfin, la qualité de la protection de la semence a un rôle important dans la réussite de la levée en limitant les attaques de champignons responsables de la fonte des semis.

Les densités optimales adaptées aux milieux rencontrés dans la région

Les expérimentations régionales ont permis de préciser cet objectif pour différents milieux : séchant, favorables et humides. Ces seuils sont valables pour des céréales semées à date optimale et en bonnes conditions, avec une protection satisfaisante des plantes contre les fontes de semis et les pucerons vecteurs de la JNO (jaunisse nanisante de l’orge).


Tableau 1 : densité optimale de semis pour le blé tendre en région Ouest Occitanie (pour des pertes attendues à la levée de 20 %)

Les blés hybrides doivent avoir une densité réduite de 30 % par rapport au tableau ci-dessus.
 

Aude Carrera, Bertrand Ducellier, Thierry Grossoleil (Arvalis – Institut du végétal)

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