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Désherbage en prélevée du maïs, un levier contre les graminées

Lors du désherbage de prélevée ou en postlevée précoce, les herbicides racinaires restent indispensables pour la gestion préventive des graminées.

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Les conditions pluvieuses, de fin mars – début avril, n’ont pas permis de semis précoces généralisés, à l’exception de quelques parcelles semées en secteur Beauce. Les conditions plus favorables de ces derniers jours vont permettre une avancée significative des chantiers de semis. Des épisodes pluvieux sont à prévoir et permettront, s’ils sont significatifs, une levée homogène des maïs.

Diversité de la flore

L’extrême diversité des flores rencontrées demeure une des caractéristiques des cultures de maïs. A l’échelle de la région, cette diversité trouve sa source dans des milieux pédoclimatiques et des systèmes de culture très divers. Du fait de sa grande sensibilité à la concurrence, notamment dans les phases juvéniles, l’objectif de propreté dans la culture du maïs reste très élevé.

Si les épisodes de pluies annoncés pour la fin de la semaine sont significatifs, ils permettront une bonne efficacité des désherbages de prélevée, s’ils ont été effectués à temps. En effet, les herbicides appliqués en prélevée nécessitent un cumul de 10 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent l’application pour garantir une efficacité optimale.

Quelques rappels sur la conduite à adopter pour un désherbage réussi

Tout d’abord, il est important de bien repérer le stade du maïs afin de limiter au maximum un risque de sélectivité sur de jeunes plantes. On évitera ainsi toutes applications sur un stade pointant et on attendra le stade deux feuilles sur des maïs qui devront être en bon état végétatif. Dans ce cas, un report des applications de produits racinaires en post-levée précoce est à envisager.

Dans tous les cas, on cherchera à inventorier de manière précise la flore déjà présente, ou attendue sur la parcelle (espèce et stade de développement) afin de choisir les produits et composer les mélanges les plus adaptés à la flore en place. La présence assurée de graminées, tels que PSD (Panic, Sétaire, Digitaire) ou encore le ray-grass, impose quasiment l’application d’un produit racinaire en prélevée. Outre l’efficacité sur les premières levées, c’est essentiellement la rémanence de ces produits de la famille des chloroacétamides qui confère au programme sa robustesse. La dose d’application est gérée selon la nature de la flore, le degré d’infestation attendu et les types de sol. En effet, la gestion préventive des graminées limite la probabilité d’avoir recours en post-levées à des associations sulfonylurées, auxiniques sur des flores avec vivaces, associations délicates à manipuler en terme de sélectivité.

Gestion de flore classique en un passage : la prélevée renforcée ou la post-précoce

Sur ces flores les plus simples, l’objectif est de maîtriser les dicotylédones et de prévenir l’éventuel développement de graminées. Plusieurs approches sont possibles selon le degré d’infestation, la nature des sols et les objectifs du producteur en nombre de passages.

Prélevée seule renforcée

L’utilisation d’un herbicide à large spectre en prélevée du maïs dans l’optique de ne réaliser qu’un seul passage est une solution possible. Nous proposons l’utilisation de l’isoxaflutole (IFT – Merlin Flexx) en prélevée associé à un chloroacétamide. A la place de l’IFT, il est possible d’utiliser la pendiméthaline qui possède également un spectre large (Prowl 400 ou Atic-Aqua). Pour une bonne efficacité, la pendiméthaline nécessite une humidité du sol suffisante et persistante. Ne pas utiliser en sol filtrant ou en cas de semis mal recouvert car la pendimé-thaline est phytotoxique pour le maïs si elle vient au contact des racines (racines en « massue »). L’emploi de Camix seul ou renforcé par de l’IFT ou de la pendiméthaline peut constituer également une bonne stratégie. L’Adengo utilisé seul ou de préférence en association avec un chloroacétamide (Dual Gold) peut également être une alternative.

Cette stratégie présente l’avantage de ne réaliser qu’un seul passage. Elle peut néanmoins être mise en défaut lorsque les conditions d’activité des produits sont perturbées par la sécheresse en prélevée ou par la levée tardive de certaines dicotylédones. Il est alors nécessaire de rattraper en post levée, le plus souvent avec une tricétone contre dicotylédones classiques.

Tableau 1 : doses des antigraminées de prélevée selon le type de sol

La dose du produit commercial de prélevée doit être élevée pour être efficace mais modulée en fonction du type de sol. Entrent en ligne de compte : la teneur en matière organique (qui « bloque » la matière active) et/ou le type de sol (sol sableux ou filtrant, limon battant qui augmente le risque de manque de sélectivité de certaines matières actives). Les doses ci-dessus sont indicatives et peuvent être modulées selon la connaissance de la parcelle, l’historique de l’usage de ces produits et les degrés d’infestation.

Postlevée précoce

Passer uniquement en post levée peut constituer une alternative dans différents cas :
– si les conditions en post-semis – prélevée sont très mauvaises,
– si les semis sont très précoces,
– si l’on est sûr de l’absence de certaines graminées…

Le report en postlevée précoce (1-3 feuilles du maïs, adventices en cours d’émergence) d’associations à base de Dual Gold ou Isard avec une tricétone (Camix) et/ou une sulfonylurée constitue une option possible. La thiencarbazone-méthyl (Adengo) peut également être utilisée en association avec un chloroacétamide ou une sulfonylurée (nicosulfuron) en post précoce pour ce type de flore. Ce type de stratégie, testé depuis des années dans les réseaux d’essais présente l’avantage d’être moins sensible aux conditions climatiques que la prélevée seule. En effet, l’efficacité foliaire des produits, dans ce type de stratégies, vient contrebalancer un manque d’efficacité des produits racinaires en conditions sèches.

Lorsque la levée des adventices est avancée et notamment dès que les graminées ont dépassé une feuille, mieux vaut se reporter sur des associations de post levée dans le cadre d’un programme à un ou deux passages.

Tableau 2 : exemples de stratégies sur flore simple de dicotylédones classiques en prélevée renforcée ou en postlevée précoce

Yann Flodrops (Arvalis – Institut du végétal)

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