territoires ruraux

Coup de gueule d’une sénatrice, halte à l’attaque des territoires ruraux

Parmi les attaques subies par la ruralité, la sénatrice Sylvie Goy-Chavent relève, dans cette tribune pour WikiAgri, le retrait des réserves parlementaires. Elle explique en quoi l’absence de ces fonds est préjudiciable pour les territoires ruraux.

« Coup de gueule d’une sénatrice,

Nous étions le samedi 17 février 2018 et je me rendais à Biziat, commune rurale de l’Ain, pour rencontrer les élus qui venaient tout juste d’installer un défibrillateur cardiaque dans la petite et très sympathique salle des fêtes du village.

Elue sénatrice en 2008, je travaille depuis neuf ans au déploiement d’un réseau de défibrillateurs cardiaques dans l’ensemble des communes de l’Ain, tout ceci grâce à la réserve parlementaire. Mais voilà, ce ne sera plus possible. En effet, tout juste élu Président de la République, Emmanuel Macron a décidé que la réserve parlementaire devait disparaître au nom de la moralisation politique.

Ce qu’il ne vous a pas dit, c’est que la réserve parlementaire n’était pas gérée par les parlementaires eux-mêmes, que tout cet argent il n’en voyait pas la couleur, qu’il ne transitait pas dans leurs mains… La réserve parlementaire était gérée par le ministère de l’Intérieur. C’est le ministère qui instruisait les dossiers de demande de subvention. Le seul rôle des parlementaires consistait à dire s’ils soutenaient le dossier ou non.

Très concrètement, chaque parlementaire pouvait décider de soutenir certains projets d’investissement ne bénéficiant d’aucune autre subvention et tout cela pour un montant global annuel d’environ 150 000 euros par député ou sénateur.

Rapporter à l’ensemble des députés et sénateurs Français, ce sont tout de même quelque 130 millions d’euros qui n’iront plus dans les caisses des associations locales, des mairies et des communautés de communes. Ce sont 130 millions d’euros qui manqueront pour financer certains équipements de sécurité indispensables, l’aménagement de certains carrefours dangereux, l’équipement de certaines cantines dans les écoles, et comme par hasard le plus souvent dans des territoires ruraux isolés.

Alors dans ces conditions comment ose-t-on parler de clientélisme politique ? Parce qu’un ou deux élus auraient dérapé ? S’ils ont dérapé, on n’a qu’à les sanctionner, sans pour autant priver nos communes rurales d’une telle source de financement.

Et qu’on ne vienne pas non plus me dire que la DETR (dotation d’équipement aux territoires ruraux) remplacera la réserve parlementaire ! Jamais cette dotation ne financera les petits projets communaux tels que l’achat de défibrillateurs cardiaques !

Qu’on ne vienne pas non plus me dire que les regroupements de communes permettront de remplacer ces subventions. En mariant trois ou quatre pauvres, on n’a jamais fait un riche !

Alors soyons très clair, en supprimant la réserve parlementaire le gouvernement a fait une économie substantielle sur le dos des habitants des communes rurales et peri-urbaines.

Oui, je suis profondément déçue par ce gouvernement qui fait de la démagogie en nous faisant croire qu’avant c’était pourri, mais qu’avec eux ce serait bien mieux… En tout cas, c’est mal parti.

Il est vrai qu’à Paris dans les salons des ministères, les tapisseries tendues sous les lambris dorés et l’épaisse moquette rouge étouffent la plainte qui s’élève de nos campagnes… »

Sylvie Goy-Chavent
sénatrice de l’AIn

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/tags/goy-chavent (pour retrouver les précédents articles sur WikiAgri concernant la sénatrice Sylvie Goy-Chavent).

 

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