solution contre agribashing

Connaitre l’agribashing pour mieux savoir y répondre

L’agribashing est désormais un thème au cœur des débats dans le monde agricole comme on a pu le voir lors du dernier salon de l’agriculture. Mais qu’est-ce que c’est au juste ?

La notion d’agribashing ou d’agriculture bashing semble être de plus en plus présente dans les débats liés à l’agriculture et aux agriculteurs. Elle est très souvent reprise pour le déplorer par des agriculteurs eux-mêmes et par des représentants d’organisations professionnelles, en particulier la Fnsea par la voix de Christiane Lambert, sa présidente, ou les chambres d’agriculture. Elle était omniprésente au Sia avec au moins deux débats télévisés qui y étaient explicitement consacrés ou de façon implicite via des débats organisés sur les questions des pesticides, des vegans, du bio, des modèles agricoles, etc. Ce qui est néanmoins assez étonnant, c’est que les positions sur le sujet apparaissent finalement très diverses, y compris dans le monde agricole, et surtout que personne ne définit véritablement ce que c’est.

Il semble exister, en effet, trois visions de l’agribashing dans le monde agricole. Les premiers nient ou du moins tendent à minimiser son existence même. Les seconds pensent qu’il existe un agribashing qui se présente avant tout comme une critique du mode de production conventionnel (grandes exploitations, utilisation de phytos, élevage intensif). Enfin, les troisièmes ont une vision extensive de l’agribashing. Celui-ci serait une critique tous azimuts des agriculteurs et de l’agriculture, qui va jusqu’à une critique de l’élevage en soi, d’une agriculture tournée vers l’exportation ou de la gestion de la question du loup, et qui est portée par un peu tout le monde : l’ensemble des médias, l’édition, les associations de consommateurs, les ONG, la grande distribution et, au final, les consommateurs.

Il est bien évidemment difficile à ce stade de savoir quel est le poids respectif de ces trois points de vue. Néanmoins, ces positionnements apparaissent largement liés à la définition que l’on donne de l’agriculture bashing. Ceux qui nient son existence ou en ont une vision extensive tendent généralement à considérer l’agribashing comme un dénigrement systématique des agriculteurs et de l’agriculture dans l’espace public et tout particulièrement dans l’ensemble des médias. Or, cela ne semble pas correspondre véritablement à la réalité. Alors, qu’est-ce que l’agribashing au juste ?

Le basculement dans l’agribashing

Il y a une critique indéniable de certaines pratiques agricoles, principalement du mode de production conventionnel, dans l’espace public qui vise l’élevage intensif, l’utilisation de produits phytosanitaires, les fermes géantes, etc. Elle est visible dans certains médias, dans certaines émissions, sous la plume de certains journalistes, dans les ouvrages de certains auteurs, dans les campagnes de certaines ONG ou dans les propos de certains hommes politiques. Mais, on ne peut pas dire pour autant que cette critique est systématique et concerne l’ensemble des acteurs. Prenons le cas des médias par exemple. On ne peut pas dire que la presse régionale, on peut penser par exemple à Ouest France dans une région très tournée vers l’agriculture, le réseau France bleu ou le très populaire JT de 13 heures de TF1 présenté par Jean-Pierre Pernaut soient dans une posture de dénigrement systématique de l’agriculture. Or, ce sont les canaux privilégiés d’information d’une grande partie des Français.

Par ailleurs, cette critique du mode de production conventionnel est loin d’être nouvelle. Elle est portée par des ONG ou par des syndicats comme la Confédération paysanne depuis plusieurs décennies. On se souvient à ce propos de la « bataille des OGM » menée à l’instigation de la Confédération paysanne, de Greenpeace ou du collectif des Faucheurs volontaires à partir du milieu des années 1990. Alors comment expliquer que l’on parle brusquement d’agribashing ?

La réalité est que cette critique de l’agriculture conventionnelle semble avoir basculé dans une autre dimension depuis le milieu des années 2010, ce qui amène à parler véritablement d’un agribashing. Cela s’explique plus précisément par trois évolutions majeures.

La première est liée à l’intensité de la critique de ce mode de production qui peut quelquefois donner l’impression, souvent justifiée, d’un véritable acharnement. C’est le cas, par exemple, des articles du journaliste du Monde Stéphane Foucart ou de certains dossiers de l’émission Cash Investigation.

Ainsi, d’après nos calculs, dans les 92 articles publiés sur l’agriculture et l’alimentation dans Le Monde par Stéphane Foucart en 2016-2017, celui-ci a employé près de 1 200 termes liés aux produits phytosanitaires et aux entreprises qui les fabriquent et 390 termes liés au cancer. Cela signifie que, chacun de ses articles contient en moyenne environ 13 termes liés aux phytos et 4,2 termes liés au cancer. Cela donne l’impression que le journaliste s’acharne sur les phytos et véhicule, y compris de façon subliminale, le message suivant : pesticides = cancer.

Il semble en être de même pour l’émission Cash Investigation diffusée régulièrement à une heure de grande écoute sur France 2. D’après nos calculs, dans l’émission de février 2016 d’une durée de 2h15 consacrée aux produits phytosanitaires, plus de 500 termes anxiogènes ont été employés, soit en moyenne un terme anxiogène toutes les 16 secondes. Les dix termes les plus utilisés étaient d’ailleurs les suivants : (1) pesticides, (2) enfants, (3) danger/dangereux, (4) autisme, (5) exposé/exposition, (6) cancer/cancérigène, (7) toxique, (8) produits/substances chimiques, (9) polluants/pollution à égalité avec risque/risqué. C’est sans doute en large partie cette obsession de journalistes pour certains thèmes et cette forme d’instrumentalisation des peurs et de l’indignation du grand public qui amènent les agriculteurs à penser, à juste titre, qu’il y a agribashing.

La seconde évolution majeure est liée à la nature même de la critique. Il est normal, et on pourrait même dire sain, de dénoncer les excès du mode de production conventionnel ou de l’élevage intensif. Ces critiques peuvent d’ailleurs être partagées par une partie du monde agricole. On peut le voir, par exemple, avec le point de vue assez critique de certains éleveurs français sur les feed lots américains, ces parcs d’engraissement intensifs de bovins. Ces critiques peuvent aussi, au final, contribuer à améliorer les choses et, en l’occurrence, l’acceptabilité sociale de ces pratiques par les consommateurs. Néanmoins, certains opposants ne font pas que dénoncer les excès. Ils tendent aussi souvent à remettre en cause le principe même de ce mode de production conventionnel ou de l’élevage.

C’est évidemment le positionnement des vegans sur la viande et l’élevage. Le phénomène est loin d’être nouveau car le terme « vegan » a été inventé par l’anglais Donald Watson dans les années 1940 lorsqu’il a créé la Vegan Society of the UK en 1944. Il est la contraction du mot anglais « VEGetariAN » qui a donné vegan. A la différence du végétarisme, le véganisme n’est pas seulement un régime alimentaire. C’est un véritable mode de vie qui consiste à s’abstenir de consommer et d’utiliser des produits d’origine animale dans l’alimentation (régime végétalien avec une absence de viande, de poissons, de fruits de mer, de produits laitiers, d’œufs ou de miel), mais aussi dans le textile (cuir, laine, soie), les produits cosmétiques, d’hygiène ou d’entretien qui ont été testés sur les animaux. Les vegans dénoncent également l’utilisation d’animaux pour le divertissement (opposition à la chasse, à la pêche et au cirque) et a fortiori à des fins d’expérimentation.

Ce sont des partisans de l’abolitionnisme qui prônent l’abolition de l’élevage sur la base d’une vision antispéciste. Ils refusent, en effet, d’établir une distinction entre les espèces (position assimilée au spécisme qu’ils perçoivent comme l’équivalent du racisme ou du sexisme) au nom d’une lutte contre les discriminations et l’oppression des espèces non-humaines. Ils refusent plus précisément toute forme de distinction entre les êtres « sentients », qui ont des nerfs et un cerveau et donc qui peuvent ressentir la souffrance et craindre la violence. C’est le positionnement d’associations comme L214 ou 269 Life Liberation animale.

L’association L214, qui a été créée en 2008, est désormais bien connue du grand public pour avoir diffusé des vidéos filmées de façon clandestine en vue de dénoncer certaines pratiques répréhensibles et choquantes dans les abattoirs, dans l’élevage intensif ou dans l’industrie de la fourrure. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les requêtes sur le véganisme sur Google (Google Trends) ont explosé en octobre 2015. Or, le 14 octobre 2015, l’association L214 a mis en ligne une vidéo tournée à l’intérieur de l’abattoir d’Alès dans le Gard. La mairie d’Alès a annoncé la fermeture de l’abattoir le jour même. Une enquête a alors été ouverte pour « faits d’actes de cruauté et mauvais traitements sur animaux ».

Il est évident que les vegans, comme L214, instrumentalisent la sensibilité « welfariste » de l’opinion, sensible à la question du bien-être animal, pour tenter de faire passer des messages « trash », une vision intégriste et un agenda abolitionniste par rapport à l’élevage. L214 est, en effet, à l’origine d’un site internet qui s’intitule tout simplement « Abolir la viande » et qui défend l’idée selon laquelle « l’élevage, la pêche et la chasse doivent être abolis ». Or, ces individus sont ultra-minoritaires. Une enquête réalisée en mai-juin 2017 par l’Observatoire Société et consommation (ObSoCo), auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 personnes, a montré que les vegans n’étaient que 0,4 %, soit pour une population française de 67,2 millions d’habitants en France, un nombre estimé à 269 000 personnes.

Une critique élargie en direction du grand public

La troisième évolution majeure expliquant l’émergence de la notion d’agribashing est liée à la mutation des acteurs qui participent à la critique de l’agriculture. Cette critique est plus intense et plus profonde et surtout elle est désormais portée par de nouveaux acteurs, qui contribuent à élargir considérablement son audience.

Jusqu’à une période récente, cette critique était, en effet, véhiculée par des acteurs militants : des associations de protection de l’environnement ou des animaux, des organes de presse ou des journalistes-militants (comme Marie-Monique Robin), des partis politiques écologistes, la Confédération paysanne, certains scientifiques et experts-militants (comme Gilles-Eric Séralini). Leurs campagnes, leurs films ou leurs ouvrages étaient avant tout vus ou lus par des « sympathisants », des personnes qui avaient par exemple une sensibilité écologiste, des militants historiques de « la bio », des pionniers des AMAP, etc. Cette critique était donc visible dans un cercle plutôt restreint. Les films de Marie-Monique Robin, par exemple, étaient diffusés sur Arte, et non sur France 2. C’est cela qui a changé dans la période la plus récente avec une critique de l’agriculture qui est désormais portée par des « relais » souvent connus et appréciés du grand public, et bien-au-delà des cercles militants.

La cause végétarienne et même vegane a été ainsi rendue très visible à des heures de grande écoute sur des chaînes de télévision du service public. Ainsi, France 3 a diffusé en novembre 2015 le film « L’animal est une personne » dont l’auteur est le journaliste bien connu Franz-Olivier Giesbert sur la base de son ouvrage éponyme (Fayard). En réaction à la diffusion de ce film, la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne a adopté une motion visant à dénoncer ce qu’elle considère être une nouvelle campagne de dénigrement, tandis que le président de la FDSEA 87, Emmanuel Rabaud a expliqué à cette occasion que « l’agriculture bashing, ça suffit ! ». Le journaliste militant du veganisme Aymeric Caron a également bénéficié d’une large tribune en étant chroniqueur dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché diffusée le samedi soir sur France 2 de 2012 à 2015. Il s’est appuyé sur cette notoriété pour publier des ouvrages militants comme No steak en 2013 (Fayard) ou Antispéciste en 2016 (Don Quichotte).

L’émission à succès Cash Investigation créée en 2012 et présentée par Elise Lucet a également contribué à vulgariser auprès du grand public un certain nombre de critiques du modèle agricole conventionnel via des émissions à charge consacrées notamment aux pesticides (février 2016 et un Cash Impact en février 2018), mais aussi à l’industrie agroalimentaire (septembre 2016) ou à l’industrie laitière (janvier 2018). Selon de nombreux témoignages, l’émission sur les pesticides de février 2016 aurait ainsi contribué à aviver les tensions entre les riverains et les agriculteurs autour des questions de pulvérisation des produits phytosanitaires, obligeant ainsi de nombreux agriculteurs à pulvériser la nuit par exemple.

La grande distribution est aussi désormais de plus en plus souvent un autre relais indirect de la critique du mode de production agricole conventionnel. Certaines enseignes comme le groupe Carrefour ont ainsi lancé leur propre marque « veggie ». Carrefour a été le premier à le faire en octobre 2015, soit quelques jours à peine après la mise en ligne de la vidéo de L214 sur l’abattoir d’Alès. Cette coïncidence est bien évidemment tout à fait fortuite, mais elle a sans aucun doute amené nombre de consommateurs à s’informer sur le véganisme (voir les requêtes Google vues plus haut) et à s’interroger sur leur consommation de viande. On entend, en effet, souvent des phrases du style : « depuis que j’ai vu un reportage sur…, je mange moins de viande ».

Il en a été quelque peu de même de la campagne publicitaire de Système U (spots TV et campagne d’affichage), lancée en janvier 2017, qui entend éliminer 90 « substances controversées » des produits de sa marque de distributeur. Les arguments développés par Système U sont les suivants : « Pour le consommateur, certaines substances présentes dans les produits de consommations courantes suscitent des interrogations sur les potentiels risques pour la santé. Autour de tout produit chimique, existe une connotation péjorative. Ces préoccupations sont amplifiées par la télévision, la presse écrite, et certaines discussions scientifiques mais également par manque d’information. Les consommateurs, à tort ou non, ont conclu sur la toxicité de ces substances. Ces inquiétudes nous parviennent de manière directe par les remontées de nos clients au travers nos magasins et les demandes d’information sur nos produits. Conscients de ces craintes et de l’attente des consommateurs vers des produits de plus en plus simplifiés, nous avons pris le parti de ne pas nous réfugier uniquement derrière la réglementation et avons considéré qu’aller au-delà de celle-ci en supprimant peu à peu ces substances controversées, faisait partie de notre mission vis à vis de nos clients. » Figurent ainsi parmi les substances dites controversées 6 insecticides de stockage du blé, 26 pesticides, 5 produits phytosanitaires pour le jardinage (dont le glyphosate), mais aussi des colorants, des antioxydants, des exhausteurs de goût, des produits sucrants et des conservateurs, ainsi que les OGM pour l’alimentation animale. Système U revient même sur son site internet sur les controverses liées à ces substances. Ce type de démarche contribue à coup sûr à accréditer aux yeux du consommateur l’idée selon laquelle ces substances sont dangereuses et à légitimer une interprétation du principe de précaution dans le sens d’un « risque zéro ».

Au final, on peut donc définir l’agribashing comme l’intensification et l’approfondissement de la critique du mode de production agricole conventionnel et de l’implication dans l’agriculture et la production alimentaire d’acteurs non spécifiquement agricoles (industries agrochimique, agroalimentaire et des biotechnologies) dans une partie de l’espace public et la diffusion de cette critique auprès du grand public par certains médias, certains journalistes, certains auteurs d’ouvrages, certains hommes politiques, etc.

Les agriculteurs, victimes collatérales

Au-delà du mode de production agricole conventionnel qui fait l’objet de critiques et si l’on excepte la question spécifique de la viande, on peut voir que les agriculteurs eux-mêmes sont assez peu visés par les critiques. Ceux-ci bénéficient d’ailleurs d’une bonne image dans l’opinion publique. Deux enquêtes publiées avant le Sia montrent ainsi que 88 % des personnes interrogées par Odoxa ont une bonne opinion des agriculteurs et que 68 % des personnes sondées par l’Ifop leur font confiance. Le commentaire d’Odoxa est symptomatique de ce point de vue : « Les internautes aiment les agriculteurs. […] C’est un métier qui fait rêver et de nombreux messages, entre autres sur Instagram, présentent ce métier et cet univers comme une alternative de vie pour un nombre grandissant de personnes. »

En réalité, ce qui semble être critiqué à travers l’agribashing, c’est avant tout l’implication en amont de la production agricole de l’agrochimie et des biotechnologies et en aval de l’industrie agroalimentaire alors même que les consommateurs perçoivent aujourd’hui principalement l’agriculture à travers l’alimentation et ce qu’ils ont dans leur assiette. On peut d’ailleurs remarquer à ce propos que l’émission Cash Investigation ne critique pas directement les agriculteurs – dans le Cash Impact du mois de février 2018, l’émission fait ainsi référence de façon positive à deux viticulteurs dans la région bordelaise et bourguignonne et apparaît relativement indulgente vis-à-vis de l’agriculteur ukrainien –, mais s’en prend aux industries agrochimique, agroalimentaire ou laitière.

On peut donc affirmer de ce point de vue que les agriculteurs sont en grande partie les victimes collatérales de la mauvaise image et du dénigrement dont d’autres secteurs peuvent faire l’objet. Ils sont donc en partie les victimes d’un phytobashing, d’un biotechbashing, d’un foodbashing ou encore d’un bigbusinessbashing, comme le montre l’exemple de la « ferme des 1 000 vaches » développée par un industriel du bâtiment, l’entreprise Ramery. L’enquête Ifop sur l’image des agriculteurs menée chaque année montre ainsi une baisse de la confiance qu’ils inspirent depuis 2013, c’est-à-dire depuis la crise du horsegate (lasagne à la viande de cheval). Or, cette crise n’avait absolument rien à voir avec l’agriculture ou même avec une crise sanitaire puisqu’il s’est agi tout simplement d’une escroquerie.

Cela tend à démontrer à quel point les agriculteurs ne maîtrisent pas l’image qu’ils renvoient dans le reste de la société et à quel point ils doivent reprendre la main sur cette image et donc sur leur communication auprès du grand public comme le font par exemple avec succès les « agritwittos ».

Quelle réponse ?

En définitive, l’agribashing ne doit pas être un prétexte pour « rentrer dans le lard des écolos » comme le souhaitait un internaute qui s’exprimait lors d’une émission Stop Intox au Sia. La réponse à l’agribashing ne doit pas être, en effet, un « bashing agri », c’est-à-dire un dénigrement systématique par les agriculteurs des opposants, du bio, des ONG, des écologistes, des néo-ruraux, des citadins, des technocrates ou de la grande distribution. La riposte factuelle, au sens de fact-checking, est nécessaire face aux « attaques », mais une contre-attaque agressive face aux « écolos » est à la fois peine perdue et sans aucun doute perdue d’avance tant ceux-ci sont aguerris dans l’instrumentalisation des peurs du public et de son indignation.

La véritable ligne de front doit être plutôt du côté des citoyens-consommateurs. C’est à eux que les agriculteurs doivent s’adresser en priorité en proposant un nouveau pacte ou contrat de confiance fondé notamment sur l’ouverture, la transparence, la proximité et l’honnêteté. L’agribashing doit être transformé de ce point de vue par les agriculteurs en un levier pour retisser des liens avec les consommateurs et recréer une relation de confiance avec eux en tenant compte autant que possible des attentes sociétales. Dans l’enquête Odoxa vue plus haut, 79 % des personnes interrogées estiment, en effet, que les agriculteurs utilisent trop de pesticides et dans l’étude Ifop, 53 % affirment que les agriculteurs ne sont pas respectueux de l’environnement et 43 %, qu’ils ne sont pas respectueux de la santé des Français. On peut remarquer à ce propos que ce sont les cadres supérieurs et les professions intellectuelles et les diplômés de l’enseignement supérieur, à savoir les prescripteurs de normes dans la société française, qui sont les plus nombreux à estimer que les agriculteurs ne sont pas respectueux de l’environnement et de la santé.

Il ne faut donc pas se tromper de « combat » en lien avec l’agribashing. « Rentrer dans le lard des écolos » est un combat d’arrière-garde. Le véritable combat auquel le monde agricole doit s’atteler est tout simplement celui qui vise à tout faire pour améliorer l’acceptabilité sociale de l’agriculture. Si ce combat n’est pas mené, le risque est grand que l’agribashing se poursuive et même qu’il s’intensifie et que le « veto populaire », qui a déjà eu la peau des OGM en France, conduise tôt ou tard à l’abandon des pesticides et pourquoi pas à terme à celui de l’élevage.
 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/comment-contrer-lagriculture-bashing-/17205 (l’un des débats télévisé organisés sur l’agribashing au Sia, 28 février 2018) ; https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation/cash-investigation-du-mardi-2-fevrier-2016_1286821.html (Cash Investigation sur le thème « Produits chimiques : nos enfants en danger » diffusé le 2 février 2016) ; https://www.l214.com (site de l’association L214) ; http://abolir-la-viande.org (site « Abolir la viande » de l’association L214) ; http://www.lobsoco.com/wp-content/uploads/2017/10/LObSoCo-I-Observatoire-des-ethiq-ues-alimentaires-I-Infographie.pdf (enquête de l’Observatoire Société et consommation-ObSoCo montrant que les vegans ne sont que 0,4 % de la population) ; www.lepopulaire.fr/limoges/ruralite/agriculture/2015/11/27/les-elus-de-la-chambre-dagriculture-reunis-en-session-mardi-matin-au-safran-a-panazol_11681213.html (source de la citation d’Emmanuel Rabaud, président de la FDSEA 87) ; https://www.magasins-u.com/fichiers/2017_substances_controversees_liste_pdf (liste de Système U sur les 90 substances controversées) ; https://www.magasins-u.com/cooperative-u/vision-engagements/substances-controversees (page du site de Système U consacrée aux « substances controversées ») ; www.odoxa.fr/sondage/macron-juge-eloigne-de-france-rurale-wauquiez (sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro, réalisé en février 2018) ; http://www.ifop.com/media/poll/3978-1-study_file.pdf (baromètre d’image des agriculteurs Vague 18, enquête Ifop pour Dimanche Ouest France réalisée en février 2018) ; https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation/cash-investigation-du-mardi-27-fevrier-2018_2620746.html (Cash Impact sur le thème « Pesticides : notre santé en danger » diffusé le 27 février 2018) ; https://twitter.com/fragritwittos (adresse twitter de FranceAgriTwittos), https://www.youtube.com/watch?v=8U3fY3Q08So (émission Stop intox du 24 février 2018 sur le thème « agriculture & opinion, je t’aime moi non plus »).

Notre illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/149759527.

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