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Charbon nu sur orge, pas de panique

De nombreuses parcelles d’orge présentent actuellement des épis charbonnés par le charbon nu (Ustilago nuda). Le charbon nu n’est pas toxique, la parcelle peut donc être récoltée et collectée.

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Il s’agit d’une maladie charbonneuse sans gravité, les pertes de rendement sont minimes en lien avec le nombre d’épis touchés. Uniquement véhiculée par la semence, elle peut être efficacement combattue par des traitements de semences adaptés.

Quels sont les symptômes ?

Cette maladie s’observe à partir de l’épiaison. Sur les épis, es enveloppes de la graine, ainsi que leur contenu sont détruits et remplacés par une masse noirâtre, constituée de spores du champignon, pulvérulentes noires. Les épis charbonnés sont généralement entièrement détruits, nus (d’où le nom de charbon nu). Après dissémination des spores, seul persiste le rachis.

Les enveloppes de la graine, ainsi que leur contenu sont détruits et remplacés par une masse noirâtre, constituée de spores du champignon.

Après dissémination des spores, seul persiste le rachis.

Une contamination des semences interne

Le champignon pathogène se conserve dans l’embryon. La contamination des semences est donc interne (contrairement à la carie du blé) et non détectable à l’œil nu ou à l’odeur. La seule source de contamination est donc liée à des semences contaminées et non traitées ou protégées insuffisamment, il n’y a pas de contamination du sol, ni des outils de récolte.

Le mycélium du champignon, se développe ensuite dans la plante sans pouvoir être détecté. Il parvient jusqu’aux ébauches florales et dans les tissus de l’épi et forme des masses de spores noires à l’emplacement des grains.

Les spores provenant d’épis charbonnés se déposent dans les fleurs des plantes saines. Elles germent et le mycélium qui en est issu va se loger dans l’embryon des graines en formation. Une parcelle touchée peut donc contaminer ses voisines lorsqu’elles sont au stade floraison. Le parasite attendra le semis pour être réactivé et atteindre les ébauches florales de la plantule.

Comment lutter ?

La transmission par la semence est la seule voie d’infection. La lutte contre cette maladie ne passe que par le traitement de semences. Il n’existe pas de solution de rattrapage en végétation.

Cette maladie fréquente justifie à elle seule l’utilisation de spécialité fongicide à efficacité quasi-totale en traitement de semences.

Trois spécialités n’ont pas été mises en défaut à ce jour dans nos essais : Celest Orge Net, Raxil Star ou encore Rancona 15 ME (0,133 l/q). La spécialité Redigo (ou Gaucho Duo FS, avec un même apport de prothioconazole) présente une bonne efficacité (94 %, 7 essais), mais qui n’atteint pas celle des références précitées (100 %).

Pour rappel, les traitements fongicides Celest Net et Celest Gold Net ne permettent pas de combattre cette maladie. Vibrance Gold, avec un apport supplémentaire de sedaxane (SDHI comparativement à Celest Gold Net), affiche une bonne efficacité vis-à-vis du charbon nu, mais celle-ci n’est pas totale. Or des cas de résistance aux SDHI ont été détectés depuis plus de 30 ans (carboxine, traitement Vitavax 200 FF). La résistance aux SDHI est toujours présente et peut être sélectionnée par les traitements dont l’efficacité n’est pas totale. Il convient donc de rester vigilant vis-à-vis de cette protection.
 

Anne-Monique Bodilis, Elodie Jouanneau, Hélène Lagrange, Eric Masson (Arvalis – Institut du végétal)

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