scientifiques inspectant riz dor

107 prix Nobel relancent le débat sur les OGM en mettant en cause les campagnes de Greenpeace

107 Prix Nobel relancent le débat sur les OGM en mettant en cause les campagnes de Greenpeace.

Par Alain Deshayes
et Gil Kressmann

Respectivement président et administrateur de
l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV)

Dans une lettre ouverte publiée le 29 Juin, 107 Lauréats du prix Nobel, de pays divers (dont trois prix Nobel français), ont demandé aux gouvernements du monde entier de désavouer les campagnes de Greenpeace contre les OGM en général, et contre le riz doré en particulier. Cette lettre ouverte de personnalités scientifiques reconnues mondialement est-elle le signe d’un tournant dans la perception des OGM ? Cette initiative, qui devrait rassurer nos politiques et nos concitoyens à propos de ces outils pour l’amélioration des plantes, sera-t-elle médiatisée comme elle le mériterait ? Greenpeace peut-elle admettre que les craintes exprimées il y a 20 ans, n’ont plus aujourd’hui de raison d’être, compte-tenu du recul de toutes ces années ?

La campagne virulente de Greenpeace contre les OGM

La campagne de Greenpeace contre les OGM n’est en effet pas nouvelle. Cela fait plus de 20 ans que cette ONG dénonce de façon virulente les OGM et construit en permanence des scénarios catastrophes, pour la santé, pour l’environnement ou pour l’alimentation, mais qui ne se sont pourtant jamais concrétisés.

Les signataires de cette Lettre ouverte relèvent en effet que « toutes les agences scientifiques et réglementaires dans le monde ont établi de manière répétée et cohérente que les cultures et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies sont aussi sûrs, sinon plus, que ceux provenant de toute autre méthode de sélection« . Mais cela n’empêche pas Greenpeace de mettre opportunément en avant certaines études pour  justifier ses combats contre les OGM, sans jamais prendre en compte  les milliers d’autres, validées scientifiquement, qui exonèrent les OGM autorisés à la culture de tout risque avéré.

Pourtant on ne peut plus dire aujourd’hui qu’on manque de recul. Les  premières plantes génétiquement modifiées (GM) ont été commercialisées en 1996, c’est-à-dire il y a 20 ans. Et, en 2015, 179 millions d’hectares de plantes GM ont été cultivés de par le monde par 18 millions d’agriculteurs. Avec ses campagnes de désinformation basées sur les peurs, la propagation d’informations erronées et la destruction spectaculaire de parcelles d’essais de ces  plantes GM,  Greenpeace, a réussi à déstabiliser nombre de gouvernements, en particulier en Europe et dans certains pays en voie de développement. Il en est résulté des interdictions de plantes GM ou des réglementations tellement contraignantes qu’elles ont abouti, de fait, à l’arrêt des productions de variétés génétiquement modifiées dans de nombreux pays. Le Parlement européen vient même de recommander aux pays africains, on se demande de quel droit, de refuser la culture et la consommation de plantes génétiquement modifiées.

Pourtant les agriculteurs ont besoin de nouvelles semences qui soient prémunies contre les insectes nuisibles, contre les maladies virales, bactériennes ou fongiques pour limiter, comme on le leur demande, l’utilisation de produits phytosanitaires. Et face aux évolutions possibles du climat, les réponses aux besoins d’adaptation des plantes à de nouveaux environnements devront être apportées encore plus rapidement qu’aujourd’hui. Ce que devraient permettre les nouvelles technologies issues des progrès de la biologie mais pourtant déjà contestées par Greenpeace et d’autres ONG.

C’est pourquoi les 100 Prix Nobel ont appelé les gouvernements « à désavouer la campagne de Greenpeace » et faire « tout ce qui est en leur pouvoir » pour « accélérer l’accès des agriculteurs à tous les outils de la biologie moderne ».

Une campagne particulièrement injustifiable contre le riz doré

Les signataires ont plus particulièrement demandé aux gouvernements du monde entier de désavouer la campagne de Greenpeace contre le riz doré. Ils écrivent que le riz doré a « le potentiel de réduire ou d’éliminer la plupart des décès et maladies » causés par une carence en vitamine A dont souffrent 250 millions de personnes dans le monde.

Pourtant, ce riz doré n’est toujours pas autorisé à la culture sous la pression de Greenpeace  qui accuse ce riz de manière totalement infondée, d’être inutile et potentiellement dangereux. On peut se demander quelle est la légitimité de Greenpeace de se mêler d’influencer les choix agricoles des gouvernements de pays dans lesquels se posent des problèmes de nutrition et de santé autrement plus dramatiques que dans les pays développés. 

Ainsi, sans preuve de l’existence de risques et sous le seul prétexte qu’il est génétiquement modifié, le riz doré n’est toujours pas autorisé à la production et à la consommation alors qu’il pourrait sauver, chaque année, la vie de 250 000 enfants. Il suffirait de 50 grammes de riz doré (riz sec) consommé quotidiennement pour permettre à ces enfants de subvenir à leur déficit en vitamines A. On comprend la mobilisation citoyenne et humanitaire des prix Nobel.

Les enjeux cachés de la bataille du riz doré

Nous ne comprenons pas les raisons qui poussent Greenpeace à poursuivre sa compagne contre la culture de riz doré. L’argumentation qui consiste à affirmer, d’une part, que le riz doré ne serait pas efficace, ou, d’autre part, qu’il existerait des alternatives au riz telles que les carottes ou les tomates, sont de parfaite mauvaise foi. Pourquoi Greenpeace s‘oppose-t-elle à toute expérimentation ? Cette organisation a-t-elle peur, pour sa crédibilité, que la validation du caractère bénéfique de ce riz doré pour des millions de personnes n’ouvre la porte à l’acceptation d’autres plantes génétiquement modifiées ?

Adopter la démarche des 107 prix Nobel ou celle de Greenpeace ?

Telle est la question posée aux citoyens du monde entier et aux gouvernements par cette lettre ouverte sur les biotechnologies vertes. Pour l’AFBV, qui, depuis sa création en 2009, ne cesse souligner l’importance de ne se priver, a priori, d’aucune technologie disponible pour améliorer la production agricole, la réponse est claire : il faut soutenir et promouvoir la démarche qui est proposée par les prix Nobel.

Par Alain Deshayes
et Gil Kressmann

respectivement président et administrateur de
l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV)

 

En savoir plus : http://www.biotechnologies-vegetales.com (site internet de l’AFBV) ; https://wikiagri.fr/articles/riz-dore-greenpeace-accuse-de-crime-contre-lhumanite/1151 (précédent article de WikiAgri sur le riz doré) ; http://supportprecisionagriculture.org/nobel-laureate-gmo-letter_rjr.html (communiqué des 107 prix Nobel).

Alain Deshayes, président de l’AFBV.

Notre illustration ci-dessous est issue de la page Facebook Golden Rice Now (riz doré maintenant) et montre des scientifiques inspectant une culture à l’institut de recherche du riz au Bangladesh.

3 Commentaire(s)

  1. Que représentent tous ces prix Nobel ??? Les prix noble vivent tous de rémunérations, par conséquent, sommes nous toujours objectifs lorsque l’argent est en jeu ??? les manipulations génétiques sont toutes des manipulations liées à des revenus et de l’argent , souvent du business… Faut-il manipuler du riz pour apporter la vitamine A ??? Je ne suis pas contre le progrès technique mais faut-il passer par ces phases compliquées pour nourrir équitablement les Hommes ??? Il serait plus urgent de s attaquer à la misère et aux injustices parce que le monde est tordu..

  2. Nous avons besoin des progrès de la génétique pour faire face aux défis que nous lance la nature.
    Les recherches sont indispensables dans tous les domaines, agriculture, environnement, santé etc…

  3. Il faut

    Il faut arrêter de réduire les biotechnologie aux OGM.
    Le principe de l’amélioration des plantes est aussi vieux que l’agriculture ,nous devrions aujourd’hui pouvoir utiliser toutes les techniques d’amélioration des plantes, sous réserve qu’elles apportent un interet de l’agriculteur au consommateur.
    L’approche de Greenpeace

    est plus politique que technique, effectivement nous sommes en droit de nous interroger sur la maîtrise du vivant par qqs multinationales , je pense entre autre à Monsanto.

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